Hommage à Alioune Badiane - 1954-2020 - Une pensée universelle dans un esprit libre
La disparition d’Alioune Badiane le 31 juillet 2020 nous a tous plongés dans la stupeur; celle qui
suit la perte irréparable de quelqu’un de très proche, d’indispensable. Le monde de l’urbanisme
vient de perdre un de ses plus grands penseurs.
Alioune Badiane a parcouru le monde urbain dans toutes ses dimensions, tous ses états, tous ses
contextes, des quartiers les plus modernes aux pires bidonvilles. Il connaissait chaque ville. Il en
avait saisi l’essence et pouvait en parler. Rares sont les êtres possédants un tel savoir urbain. Un
savoir bâti sur l’expérience, sur l’observation attentive, sur l’information, sur l’échange. Il croyait
aux villes, mais plus encore il croyait aux habitants de ces villes.
Cette connaissance encyclopédique et humaniste en avait fait une personne respectée et écoutée.
Son œuvre à la tête des programmes d’ONU Habitat, puis de TUTTA et des nombreux organismes
qu’il a créés, soutenus et présidés restera durablement.
Mais il est un message que nous voudrions rappeler parmi ce concert d’hommages : sa foi en la
jeunesse et dans le savoir. Lorsqu’il est venu à notre invitation en 2012 à l’Université de Montréal
il avait le projet de rapprocher les universités avec ONU Habitat dans la perspective d’Habitat III,
prévu pour 2016.
Par le Mémorandum d’Entente signé deux années plus tard en 2014 entre l’Université de Montréal
et ONU Habitat, Alioune Badiane concrétisait le premier pas de son projet : rapprocher les villes
de leurs universités, et les universités de leurs villes. Pourquoi les villes d’Afriques devraient-elles
aller chercher l’expertise ailleurs, alors qu’elles ont dans leurs seins tout le savoir utile, toutes les
compétences nécessaires ? Grâce à lui le programme RÉSAUD est né cette année-là, construit avec
quatre universités francophones africaines partenaires qui se sont impliquées.
Croire en la force de la pensée, en la force du savoir, en la force de l’échange et de l’engagement
a été son message inlassablement martelé dans les instances internationales, inscrit dans les
déclarations, répété à chaque tribune. Convaincre les élus à s’adresser à leur jeunesse et inciter
les universitaires à proposer leurs talents pour servir leurs villes, fait partie de l’héritage que nous
voulons garder d’Alioune Badiane.
Sans Alioune Badiane, le monde de l’urbanisme ne sera plus le même, mais nous voulons qu’il
s’améliore grâce au message qu’il nous laisse. Continuons.
Au nom de toute l’équipe de RÉSAUD Alioune Badiane
Michel Max Raynaud Ph.D., directeur